Le Bouledogue Français

Consacrer une rubrique de "la Race du Mois" au Bouledogue Français me faisait envie depuis fort longtemps. En effet, depuis que j'ai Pénélope et même avant, je suis totalement sous le charme de cette race si complexe et si complète. Le "Boule" est un molosse de compagnie... Ca valait bien un article. C'est tout naturellement à Marie-Claude Brun, qui élève cette race avec passion depuis de nombreuses années et qui m'a confié ma chère Pénélope il y a maintenant 11 ans, que j'ai demandé de venir nous présenter le bouledogue...

 


Le Bouledogue Français


Notre bouledogue national est né au XIXe siècle à Paris, plus exactement dans le quartier de la Villette près des abattoirs et des bouchers où des gens modestes se rencontrèrent dans des cafés et où débuta son élevage et sa sélection. Il fut le fruit de croisements entre les Bulldogs qui débarquaient à Calais avec les denteliers anglais à la recherche de travail. Leurs chiens à l’époque étaient des bulldogs plus légers et plus petits que ceux que l’on voit maintenant; divers terriers et des ratiers locaux achevèrent d’en fixer la race. C’est certainement pour cela que le bouledogue en général sait très bien s’occuper de la dératisation s’il le faut…

 


 

Il commença comme chien d’écurie, puis suivant les cochers dans leurs voitures attelées, il se fit connaître parmi les demi-mondaines de l’époque, y compris dans les maisons closes. Le restaurant cabaret « La Souris » de Mlle Palmyre où règne Bouboule dessinée de nombreuses fois par Toulouse Lautrec en est un exemple.

 


 

 

Il grimpa l’échelle sociale se retrouvant sur les sofas de la bourgeoisie, puis de l’aristocratie jusqu’à entrer dans le gotha. Le roi Edouard VII d’Angleterre eut plusieurs bouledogues et à la cour de Russie avec le tsar Nicolas II où les princes faisaient reproduire leurs bouledogues quelquefois. Après le massacre de la famille impériale à Iekaterinbourg en 1918, lorsqu’en 1990 et en 2007 date à laquelle on retrouva les derniers ossements de la famille impériale il y avait également dans une fosse les ossements d’un chien qui était probablement ceux du bouledogue de la grande duchesse Tatiana : Ortino.

 

 

Pour en revenir à son élevage, la sélection commença vers 1875 avec Charles Petit menuisier de son état. Plusieurs petits éleveurs se réunirent et M. Roger, juge et éleveur créa le 5 avril 1888 le premier Bouledogue Club de France, club non encore reconnu par la SCC, mais il établit un standard qui resta en vigueur jusqu’en 1898.
Les points essentiels de ce premier standard sont :
Le chien a l’aspect d’un petit hercule. Sa hauteur doit être égale à sa longueur. Le tour de tête doit avoir au moins 2 cm de plus.
La gueule est large et carrée, le nez très renversé en arrière.
L’oreille est courte, roulée.
Il existe des sujets à oreilles droites, qui formeront une classe à part en concours.
Le poids du mâle ne doit pas dépasser 15 kg et la femelle 12,5 kg.
Vers 1890 la Réunion des Amateurs de Bouledogues Français est fondée sous le patronage de la SCC. Son président est James Gordon Bennett Junior mécène américain passionné d’automobile, de yacht, d’aérostats. Il fit beaucoup pour l’implantation du bouledogue aux USA. Le vice-président est M. Menans de Corre cynologue reconnu. La description du bouledogue faite par cette réunion est un peu différente de celle faite par le Bouledogue Club de France sur deux points en particulier :
Les oreilles coquilles ou roulées ne sont pas admises.
Le poids ne doit pas dépasser 11 kg pour les mâles et 10 kg pour les femelles.
Au cours de l’année 1898, la SCC proposa au Bouledogue Club de France de l’affilier, ce qu’il accepta et prit le nom de Club du Bouledogue Français. Le standard fut modifié et le bouledogue à oreilles coquille définitivement exclu.

 

 

 

 

 

Sa notoriété actuelle : malheureusement depuis plus de dix ans, elle ne cesse de croître. J’écris malheureusement, car tout le monde sait qu’une race à la mode court plus ou moins à sa perte car tout le monde veut « en faire » et dans n’importe quelles conditions. Un éleveur de grandes races acheta en une seule fois 1 mâle et six femelles. Je lui posais la question : « Ils sont inscrits au LOF ? » «  Ah oui et j’espère bien qu’ils seront confirmés ! » - « Quelles sont les origines ? » - «  Oh ben je n’en sais rien ! » Environ un ou deux ans plus tard je voyais une annonce : « Vends lot de Bouledogues Français », c’était ce même éleveur dont la réussite en élevage de bouledogues n’avait pas dû être parfaite et qui s’en débarrassait… Et c’est probablement un éleveur du même acabit qui a acheté le « lot » !
En 2001, 1718 naissances étaient déclarées à la SCC. En 2009, 5244 avec une légère baisse par rapport à 2008 qui était de 5320. Allons-nous vers une stagnation ? Quand on écrit 5244 chiots déclarés combien naissent NON LOF ?
En 1969 ma première bouledogue Astrid avait pour N° LOF 002693/120, c’était une chienne importée des Pays-Bas. Léonie née en 1975 avait le N° 003686/383 et Basile du Moulin du Mas Rougier mon premier étalon né en 1986 avait le N° 005598/00762, vous voyez le chemin parcouru dans la race.

Basile du Moulin du Mas Rougier jeune homme !


Je me suis personnellement lancée dans l’élevage amateur en 1989 et je me suis mise à la recherche d’un affixe. A l’époque dans notre race, il y avait un affixe du Connétable, du Chevalier d’Ors, du Sénéchal de Ré. Habitant en ville, n’ayant pas de domaine, de clos, de rivière alentour, je cherchais un titre moins usité que baron, comte ou marquis. Je retrouvais celui de vidame. Un vidame au moyen-âge représentait une abbaye, un évêché pour les affaires temporelles et les évêques avaient le droit de lever des armées. Dans le roman de Mme de La Fayette, « La princesse de Clèves » le frère de celle-ci est le vidame de Chartres. J’ajoutais Urfé : nous avons dans ma région du Forez et du Roannais, deux châteaux la Bâtie d’Urfé et les Cornes d’Urfé qui ont appartenu à la famille d’Honoré d’Urfé auteur de « L’Astrée » roman pastoral du XVIIe qui raconte les amours du berger Céladon et Astrée. L’influence de ce roman fut considérable sur la préciosité du XVIIe.
Ma première portée vint au monde en 1989. Voici quelques photos de ma petite famille :

 

Doudou de la Monardière première femelle reproductrice entrée dans la famille du genre « madame j’ordonne ».

 

Labohème du Clos de la Charmoise dite Charlotte (la maman de Pénélope)

 

Maguelonne du Vidame d’Urfé qui malgré une cécité porte très bien ses 13 ans

 

Rose Pompon du Vidame d’Urfé et sa fille Athénaïs, très petite reproductrice n’élevant qu’un seul chiot à la fois !

 

Berthe aux Petits Pieds du Vidame d’Urfé ma tendre et douce.

 

Nez de Cuir du Vidame d’Urfé successeur de Basile comme pacha du harem.

 

Une portée : Gonzague, Gringo, Gilone, Gustave et Garance.

 

Urfé du bois Bourgeois petite mère tranquille et belle comme un cœur

 

Les deux petites dernières Cunégonde dite « deux de tension » et Dauphine du Vidame d’Urfé « Pik Pik » baptisée ainsi par sa tante Martine.

 

Et quand il fait frisquet, on met sa petite laine…

 

 

Ma petite famille se compose donc de deux bringés une fauve et 3 cailles il ne manque plus que la quatrième couleur de robe du bouledogue le fauve et blanc. Ils ont chacun leur caractère tout en étant très tendre avec le genre humain, un peu têtu. Je dis que le bouledogue est toujours prêt à nous faire plaisir mais il faut souvent lui parler à la troisième personne ! Les cris et hurlements n’ont aucun effet sur lui. Les miens n’ont jamais été éduqués car ils sont toujours sur mes talons je n’ai même pas à les appeler. Ils connaissent mieux que moi les horaires de la maisonnée et sont toujours prêts à partir en voiture pour faire les courses ou aller se balader sur les bords de Loire. Ce petit chien intelligent disait Colette n’aime au sens propre du terme qu’une seule race : la nôtre. Et il est vrai que parfois il peut être très dominant avec ses congénères, c’est à nous alors, à lui faire comprendre que même s’il est dominant il y a une frontière à ne pas franchir. Mais dans tous les cas c’est un chien adorable avec une telle personnalité qu’on ne peut plus s’en passer.



31/10/2010
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